Portrait

Neuf sœurs font battre le chœur de l’abbaye de Brialmont

A l’abbaye cistercienne Notre-Dame de Brialmont, neuf sœurs vivent en communauté selon la règle de Saint-Benoît. Elles y consacrent leurs journées à la prière, la lecture et le travail manuel. Je me suis faufilée à l’intérieur de l’abbaye pour y rencontrer ces femmes qui ont décidé de vouer leur vie à Dieu en ce lieu.

J’arrive sur le site alors que les sœurs sont déjà levées depuis plus de quatre heures. Je tends l’oreille et m’imprègne du silence. En premier plan, les oiseaux s’éveillent. Un peu plus loin, je perçois le bruissement monotone des roues qui glissent sur le tarmac de l’autoroute toute proche. Mais ce qui me saisit, c’est cette sensation de silence pur, qui enveloppe les lieux comme le brouillard peut recouvrir la vallée de l’Ourthe certains matins. Il est 9h15, les Moniales viennent de débuter leur journée de travail.

« Nous avons une vie très rythmée et répétitive, mais absolument pas monotone », énonce d’emblée Sœur Colette, responsable de l’hôtellerie et de la librairie de l’abbaye. « Chaque journée est vécue différemment en fonction de l’œil avec lequel nous la regardons. Nous ne nous ennuyons absolument pas ! » Si, à 5 heures, Paris s’éveille, à l’abbaye Notre-Dame de Brialmont, c’est le premier moment commun de prière qui débute. L’office de Vigiles dure environ 45 minutes. Cet instant religieux est suivi d’un temps libre où chacune des Moniales prend du temps pour elle. « Certaines d’entre nous débutent déjà leurs tâches, mais sinon, c’est plutôt un moment consacré à la lecture, la prière, la promenade. Le jour se lève, c’est plein silence, nous n’avons pas encore toutes les préoccupations du quotidien en tête et nous pouvons démarrer la journée en douceur. »

Dès 7h30, elles se rassemblent à nouveau à l’église – construite après la transformation du château de la famille d’Otreppe de Bouvette en abbaye dans les années 1960. « Nous participons à l’eucharistie et chantons l’office de Laudes, qui est Office de louanges. Puis nous nous retrouvons toutes ensemble dans la salle du chapitre, un lieu communautaire important pour nous. » L’une des sœurs y lit alors un passage de la Règle de Saint-Benoît, qui guide leur vie à Brialmont. Cette Règle est lue dans son entièreté environ trois fois par an, « ce qui nous permet de nous souvenir de certaines choses que nous laisserions parfois de côté », apprécie Sœur Colette. Après cette lecture, la Mère Abbesse en donne un commentaire spirituel et partage des informations générales sur l’Ordre, la communauté ou ce qu’il se passe dans le monde.

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« J’ai eu le sentiment d’être aimée inconditionnellement telle que j’étais »

Sœur Colette arrive à l’abbaye Notre-Dame de Brialmont neuf ans après la création de la communauté, en 1970. Quand on lui demande pourquoi elle a choisi Brialmont comme lieu de vie, Sœur Colette évoque sa rencontre avec Dieu. > Lire la suite

Alors que je rencontre Sœur Colette à l’hôtellerie, Sœur Marie-Pierre vérifie la poussée des champignons, Sœur Marthe s’occupe des plantations au jardin et Sœur Marcelle s’active déjà en cuisine. Les autres sont au magasin, à la lessive, au vestiaire, à la couture… « Le travail manuel est l’un des trois piliers de la Règle de Saint-Benoît, avec la prière et la lecture. Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas de travail intellectuel, mais il nous est important de travailler de nos mains, d’avoir un travail simple, qui « libère » l’esprit et le garde tourné vers l’essentiel. Dans notre vie cistercienne, notre travail ne se pense pas d’abord en terme rentabilité, de chiffre d’affaires à accroître sans cesse ; Saint-Benoît demande à son moine de vivre du travail de ses mains afin de pourvoir de façon autonome aux besoins de la communauté et de répondre – si possible – aux besoins de ceux et celles qui viennent frapper à notre porte. Il en va de notre vœu de pauvreté et aussi de notre souci de maintenir notre vie spirituelle et humaine en un juste équilibre. Saint-Benoît était  en ce sens un prophète pour notre temps, me semble-t-il. »

Il est midi dix. Sœur Cécile vient sonner la cloche de l’église. Attelées à leurs tâches respectives, les autres sœurs interrompent leur travail pour revêtir leur habit de prière liturgique appelé la « coule ». L’office du milieu du jour rassemble toute la communauté et les hôtes présents qui souhaitent y assister. S’il ne dure que dix minutes, rythmé par les chants des sœurs, il est « comme une piqûre de rappel », estime Sœur Colette, l’occasion de se recentrer, si nécessaire, sur la prière après une matinée de travail souvent bien chargée. « Nous avons ensuite un petit moment d’oraison, puis nous partageons le repas de midi en communauté, en silence et à l’écoute d’une lecture réalisée par l’une d’entre nous. » Après la vaisselle, c’est à nouveau un temps de repos qui est observé, avant de reprendre les activités qui font tourner la vie de l’abbaye.

A 17h30 sonne le quatrième office, l’office des Vêpres qui marque déjà l’entrée dans la soirée. Une trentaine de minutes plus tard, les sœurs s’attablent une dernière fois, puis terminent les dernières tâches du jour, si elles en ont encore. « A 19h45, l’office de Complies achève la journée. C’est un très bel office, paisible, très priant, souvent avec le soir qui tombe déjà. Nous terminons le Complies par le chant cistercien du Salve Regina. A ce moment-là, le grand vitrail de Marie est illuminé par un spot et nous nous tournons vers elle pour lui déposer tout de notre journée, des personnes rencontrées, des intentions qui nous sont confiées, et ainsi, nous nous préparons au sommeil. » Il est environ 20h30. A l’heure où certains d’entre nous terminent de manger ou de mettre leurs enfants au lit, les neuf sœurs, elles, sont déjà tombées dans les bras de Morphée.

Petit bout d’histoire

Comment et quand les sœurs sont-elles arrivées à Brialmont ?

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