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Crise du coronavirus : quel impact pour nos commerçants ? (Suite: confinement – semaine 4)

Pharmacie Naus : « Les clients viennent pour être rassurés »

Serge Naus, quelles sont les conséquences directes de la crise du coronavirus sur votre métier de pharmacien ?
Nous travaillons aujourd’hui dans un climat beaucoup plus anxiogène. Les clients viennent pour avoir des renseignements et pour être rassurés. Nous avons eu énormément de monde au tout début car les gens ont voulu faire des réserves, mais nous avons beaucoup moins de travail en avril. Nous sommes situés dans une rue commerçante (NDLR: avenue de la Station) où il n’y a presque plus de passage car la majorité des enseignes sont fermées. Nous avons aussi perdu les clients liés à l’hôpital. Ceci dit, je ne me plains pas car je peux rester ouvert, et malgré cette diminution de l’activité, je sais toujours payer mes charges et mon personnel.
Comme vos confrères, vous avez sans doute dû mettre certaines mesures en place dans la pharmacie ?
Dès le départ, la Commune a été bien intentionnée en nous plaçant des écrans de plexiglas. Nous désinfectons aussi le comptoir plusieurs fois par jour et nous respectons les mesures d’hygiène recommandées. Nous avons maximum deux clients à la fois dans la pharmacie et les autres attendent dehors. Les gens se sont habitués à cette manière de fonctionner un peu partout et nous avons beaucoup de chance que la météo soit agréable pour cela !
Comment envisagez-vous la période de l’après Covid-19 ?
Je ne la vois pas encore trop, justement ! Je pense que la façon dont nous vivons actuellement va encore durer un certain temps avec les mesures de distanciations imposées. Ce ne sera sans doute pas dans l’immédiat, mais je préfèrerais travailler sans avoir cette vitre de plexiglas pour pouvoir établir un contact plus direct avec le client. J’espère aussi que l’activité économique pourra redémarrer pour permettre aux commerçants de la rue de rouvrir leurs portes.


© M Team

M Team : « C’est très difficile d’imaginer comment les gens vont réagir après le confinement »

Christiane, vous êtes propriétaire de la boutique de prêt-à-porter M Team. La crise du coronavirus vous a forcé à fermer temporairement votre commerce. Comment le vivez-vous ?
Financièrement, nous avons une gestion tirée au cordeau et avions prévu des réserves, donc nous devrions nous en sortir. Nous avons décidé également de ne pas faire de vente en ligne car nous ne possédons pas une grande quantité du même article. Nous préférons généralement plutôt nous orienter vers la proposition d’une grande diversité des modèles. Pour inciter les clients à entrer dans la boutique, nous misons sur la conception de silhouettes attractives en vitrine.
Nous serons pratiquement passés de l’hiver à l’été lorsque vous pourrez rouvrir votre magasin. Allez-vous devoir complètement changer la collection dont vous disposiez ?
Comme nous n’achetons pas en grande quantité, nous pouvons toujours réajuster les silhouettes. Il est possible que nous proposions des offres commerciales sur des modèles de base, mais nous n’avons de toute façon pas des stocks énormes en réserve, nous écoulons habituellement notre marchandise au fur et à mesure. Nous tenterons de trouver des solutions.
Comment vivez-vous personnellement cette fermeture ?
Nous avons des rapports privilégiés avec nos clients avec qui nous échangeons beaucoup et cela nous manque. Je suis repassée à la boutique plusieurs fois vérifier que tout était en ordre au niveau de la sécurité du magasin.
Comment voyez-vous le « retour à la normale » lorsque vous pourrez rouvrir votre boutique ?
C’est très difficile de déterminer la façon dont les gens vont réagir. Cela va dépendre de leur état d’esprit. Je pense que certains auront envie de quelque chose de neuf pour se faire plaisir. Nous aurons en tout cas de la marchandise et de la diversité à leur proposer et nous les recevrons avec plaisir, tout en mettant en place les gestes barrière et en restreignant sans doute l’accès au magasin à un nombre limité de personnes en même temps.


Tuileries By Tom : « J’ai l’impression qu’il n’y aura plus autant de ferveur qu’avant »

Thomas Moussebois, vous êtes le gérant de la brasserie Tuileries By Tom. Comment vivez-vous cette obligation de fermer votre restaurant ?
Nous n’avons plus eu de rentrée du jour au lendemain, ça a été catastrophique. Nous avons habituellement huit employés en hiver et plus de dix en haute saison. Tous nos employés ont directement dû être mis au chômage. Soyons par contre positifs : nous avons directement reçu toutes les aides de l’État, la Région et la Commune. Ça stoppe un peu l’hémorragie et je les remercie d’avoir mis cela en place si rapidement.
Après plusieurs semaines de fermeture, vous avez décidé de proposer un service de plats à emporter. Pourquoi avez-vous effectué ce choix ?
Pendant le premier mois, ça allait, mais comme ça se prolonge… Les factures s’accumulent, donc nous avons décidé d’ouvrir un service traiteur avec mon mari et mes parents, qui sont aussi mes associés. L’objectif n’est pas de faire de bénéfices, mais de pouvoir payer les frais fixes comme le loyer et certaines factures. Et puis, j’avais aussi envie de retravailler, ça commence à faire long !
Vos clients ont-ils été réceptifs à cette initiative ?
Nous avons bien démarré ce mercredi avec plus de 30 plats à emporter. J’espère que l’activité sera suffisante dans les prochaines semaines pour pouvoir reprendre un employé en cuisine car le personnel ne vit pas bien cette période, le salaire qu’ils touchent est risible. Nous proposons uniquement les plats incontournables avec des produits qui peuvent se conserver plusieurs jours pour ne pas aller nous approvisionner tous les jours. Il faut respecter au maximum les mesures de confinement.
Comment envisagez-vous la réouverture de la brasserie lorsque cela sera à nouveau permis ?
Je crois que ce sera très compliqué. Financièrement, au niveau des lois sociales, nous allons devoir sortir deux trimestres d’un coup… D’après ce que j’ai entendu dans les médias, l’Horeca sera le dernier secteur à pouvoir reprendre ses activités. J’ai l’impression qu’il n’y aura plus autant de ferveur qu’auparavant. Les Belges se serrent dans les bras, s’embrassent facilement… Mais je crois qu’il y aura un avant et un après. Pour le côté pratique, nous allons devoir sans doute garder des distances pour le service en salle et les tables des clients. Ça va être très compliqué. Je ne pense pas que nous pourrons réengager du personnel supplémentaire pour l’été. Heureusement que nous avons fait une excellente saison cet hiver, ça va peut-être nous sauver ! J’espère aussi qu’il n’y aura pas de perte de commerces à Esneux parce que nous avons eu de très laides années avant et cela commençait enfin à reprendre.

Cet article n’est pas représentatif de la situation de tous les commerçants, il s’agit bien d’un aperçu de la situation actuelle.

Si vous êtes commerçant et que vous souhaitez témoigner, n’hésitez pas à me contacter, je vous écouterai avec plaisir.
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